C’est ce qu’une équipe de recherche du laboratoire LION dirigée par la professeure Anne Gallagher, du Département de psychologie de l’Université de Montréal et chercheuse en neuropsychologie au CHU Sainte-Justine, tente de déterminer. L’hypothèse de départ repose sur le postulat que pendant la grossesse – et plus précisément au cours du dernier trimestre – les réseaux langagiers de l’enfant à naître se façonnent en fonction des sons et des voix auxquels il est exposé. Cela pourrait donc lui permettre de traiter et de reconnaître plus facilement ce qui lui est familier, y compris sa langue maternelle. « Nous pensons que, dès les premières heures de vie, la réponse du cerveau du bébé à l’audition de voix sera influencée par les langues qu’il a entendues pendant la grossesse », explique Laura Caron-Desrochers, doctorante en neuropsychologie clinique, qui a mis en œuvre cet ambitieux projet avec l’aide d’autres membres du groupe du professeur Gallagher.
Se faire raconter une histoire dans le ventre de sa mère… en trois langues !
Charles Lepage Crédit : photo de courtoisie Pour vérifier cette hypothèse, l’équipe de recherche a recruté 72 femmes enceintes suivies au CHU Sainte-Justine, qui ont été réparties en trois groupes. Dans les deux premiers, les futures mamans devaient écouter chaque jour aux fœtus, via des écouteurs dans l’abdomen, la même histoire du personnage de Martine en deux langues – français et allemand ou français et hébreu – à partir de la 35e semaine. de grossesse. Les femmes qui composaient le troisième groupe ou groupe témoin n’ont subi aucun protocole. “L’allemand et l’hébreu ont été choisis en raison de leurs propriétés rythmiques très différentes du français, et ce sont deux langues qui diffèrent significativement l’une de l’autre phonologiquement”, expliquent le doctorant en neuropsychologie Charles Lepage et la directrice du projet Phetsamone Vannasing. . Cela nous permet d’évaluer tous les aspects du langage et de mesurer la réponse et le développement du langage chez les nouveau-nés.” Puis, dans les 48 heures suivant leur naissance, l’histoire se répète, cette fois en trois langues, chez des nourrissons, équipés d’un casque équipé de capteurs mesurant l’activation cérébrale par spectroscopie proche infrarouge. Ces enregistrements de l’activité cérébrale seront réalisés à différents stades du développement des enfants jusqu’à l’âge de trois ans, afin d’observer la trajectoire du développement cérébral, langagier et cognitif.
Évaluation du développement du langage chez les enfants
Anne Gallagher Réalisation : Jimmy Hamelin Intitulé Infant Language Study, ou ÉLAN, ce projet, qui a débuté cet été et se poursuivra à l’automne, a débuté il y a quatre ans. Financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, il fait partie d’un projet de recherche en neuroimagerie visant à évaluer le développement des réseaux de neurones du langage et les effets de la plasticité cérébrale chez les nourrissons, les personnes âgées et en bonne santé. Le projet ÉLAN vise plus spécifiquement à mesurer ce développement de la naissance à trois ans, en relation avec l’exposition prénatale au langage. « ÉLAN vise à mieux comprendre les trajectoires développementales des réseaux cérébraux et leur lien avec le développement des habiletés cognitives, langagières et motrices chez les jeunes enfants », conclut Anne Gallagher. Il existe plusieurs études sur ce sujet, mais leurs méthodologies ne permettent pas de déterminer des trajectoires développementales précises, et nos travaux devraient combler cette lacune en suivant une cohorte dans le temps depuis la naissance. Il est à noter que le projet ÉLAN est dirigé par Natacha Paquette, neuropsychologue et coordonnatrice du laboratoire LION, et s’inscrit dans une initiative plus large visant à créer une base de données normative en Spectroscopie Proche Infrarouge (NIRS) dans laquelle Laura H Caron-Desrochers , Sarah Provost, Laurence Petitpas et Charles Lepage y ont contribué. Y participent également Phetsamone Vannasing et l’ingénieure Julie Tremblay, qui analyse les données pour tous les projets du laboratoire LION.