Posté à 12h00
                Joël-Denis Bellavance La Presse             
                Mylène Crête La Presse             

Plus précisément, ils ont présenté une demande à la GRC en vertu de la Loi sur l’accès à l’information pour obtenir ces renseignements. Mais la police a catégoriquement refusé, craignant que leur divulgation ne compromette la sécurité des policiers et de leurs familles en raison des nombreuses menaces dont ils ont fait l’objet sur les réseaux sociaux. Des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l’accès à l’information montrent que la GRC craignait pour la sécurité de ses agents après l’intervention sur le pont Ambassador, qui relie la ville de Windsor et Détroit et est le principal lien commercial entre le Canada et les États-Unis . Dans une décision de 2001, la Cour suprême du Canada a statué que l’identité des policiers impliqués dans une opération ne peut être gardée secrète indéfiniment « en l’absence de risque sérieux et individualisé » et qu’une interdiction d’un an de publier cette information est raisonnable. PHOTO PAR NATHAN DENETTE, ARCHIVES DE PRESSE DU CANADA Des manifestants à Windsor, devant le pont Ambassador, le 12 février Le pont Ambassador a été bloqué pendant près d’une semaine en février, ce qui a incité la Maison Blanche à Washington à intervenir auprès du premier ministre Justin Trudeau pour mettre fin au blocus. Au même moment, des camionneurs ont pris d’assaut le centre-ville d’Ottawa, paralysant la capitale pendant trois semaines, tandis que d’autres groupes faisaient rage à d’autres postes frontaliers de l’Ouest canadien, notamment à Coutts, en Alberta, et à Surrey, en Colombie-Britannique.

Beaucoup de menaces

Pour justifier leur refus de divulguer toute information, les agents d’accès à l’information au sein de la GRC ont compilé de nombreux messages menaçants écrits par des sympathisants du convoi aux forces policières. “Tous les policiers de l’Ontario doivent s’installer”, a écrit un homme du nom de Murray Lubkey en février sur la chaîne de discussion Convoy to Ottawa 2022 Telegram. “Transformons ces cochons en bacon”, a proposé un autre membre du convoi sous le nom de “lowki”. “Tous ces cochons méritent de mourir. Parfait”, a ajouté Fabio Papz. PHOTO PAR NATHAN DENETTE, ARCHIVES DE PRESSE DU CANADA Police devant l’accès menant au pont Ambassador, Ontario, le 13 février Ces documents notent également que des membres de l’entourage ont réussi à mettre la main sur les noms d’officiers participant au Carrousel de la Gendarmerie royale du Canada et que ces derniers ont fait l’objet de menaces de mort. Les membres du Carrousel ont communiqué avec l’administration centrale à Ottawa pour signaler qu’ils craignent pour leur sécurité et celle de leur famille. Extrait de documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l’accès à l’information Il a également été noté que la police avait arrêté quatre personnes à Coutts, en Alberta, qui transportaient dans leur véhicule des armes à feu interdites au pays. Ils ont également déclaré qu’ils étaient prêts à recourir à la violence si la police mettait fin au blocus à Coutts. Michel Juneau-Katsuya, consultant en sécurité et ancien responsable du Service canadien du renseignement de sécurité, salue la décision de la GRC de ne pas révéler l’identité des agents dans cette affaire. Il a fait valoir que les menaces contre les forces de police font partie d’une triste tendance qui n’a été observée que récemment aux États-Unis à la suite de la perquisition du FBI dans la résidence de l’ancien président Donald Trump. “On est loin de la soi-disant manifestation contre les mesures sanitaires. Ces personnes ne se souciaient pas des mesures d’hygiène. C’était un prétexte qu’ils ont utilisé pour mener une rébellion. Ils voulaient renverser le gouvernement. Ils voulaient avoir un 6 janvier 2021 comme au Capitole à Washington”, a-t-il déclaré. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE Michel Juneau-Katsuya, consultant en sécurité et ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité ; Il n’y a aucune raison pour que vous vouliez obtenir les noms de tous les policiers qui se trouvaient à Windsor à moins que vous ne prévoyiez une campagne d’intimidation et de menaces. Michel Juneau-Katsuya, consultant en sécurité et ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité ;

Tentative d’arrestation de la police

A l’heure où les conspirateurs sévissent sur les réseaux sociaux, les forces de l’ordre sont de plus en plus menacées par eux. Un exemple récent s’est déroulé samedi à Peterborough. Les disciples de Romana Didulo, reine du complot autoproclamée du Canada, ont tenté de procéder à des arrestations par la police civile dans cette ville située à environ 140 kilomètres de Toronto. «Vous êtes impliqué dans le crime de COVID et nous le mettons [vos véhicules] en état d’arrestation », a déclaré l’un d’eux à un agent d’infiltration à l’intérieur d’un SUV. Une bagarre s’en est suivie et de violentes arrestations de membres du groupe. Désolé, votre navigateur ne prend pas en charge la vidéo
Trois personnes arrêtées font face à diverses accusations, notamment résistance à l’arrestation, voies de fait et voies de fait contre un agent de la paix. L’Unité des enquêtes spéciales de l’Ontario tente également de faire la lumière sur les blessures graves subies par un homme de 55 ans lors de cette bagarre. “Les arrestations de citoyens sont devenues des arrestations de citoyens”, a noté Martin Jeffroy, directeur du Centre d’expertise et d’éducation sur l’intégrisme religieux, les idéologies politiques et la radicalisation, dans une interview. Cependant, il faut éviter d’associer au “convoi de la liberté” le mouvement lancé par Romana Didulo, qui s’appuie sur les théories du complot QAnon et qui est considéré comme une hérésie par le professeur. Les deux groupes font cependant partie du mouvement des “citoyens souverains” qui conteste le droit de l’État à faire appliquer la loi. “Ce qu’ils ont tous en commun, c’est qu’ils sont des mouvements contestataires”, a expliqué M. Geoffroy. Ils remettent en cause le pouvoir policier, le pouvoir étatique, le pouvoir judiciaire. En fait, toutes les institutions. » Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse