Car là où Mbappé doit encore trouver la bonne méthode pour crédibiliser ses envies, Neymar a mis au point sa formule. Il l’a porté, testé et affiné jusque dans les moindres détails au cours d’une vaste expérience sur le terrain. Pour comprendre l’évolution du Brésilien dans cet exercice, il faut remonter à une époque où Neymar n’était pas encore tout à fait Neymar. Retour au 7 février 2010. ‘Ney’ n’a que 18 ans, il fait déjà parler de lui pour son talent brillant, ses dribbles excitants et ses coiffures farfelues. Ce soir-là, il affronte un joueur qui au Brésil est alors une bien plus grande star que lui. Rogerio Ceni, le gardien de but de 37 ans qui a déjà amassé plus de 1 000 matchs professionnels, l’affronte dans un affrontement électrisant Sao Paulo-Santos. On joue la 70e minute et lorsqu’il écope d’un penalty, l’équipe du jeune prodige est menée 3-2. Celui en qui les fans voient déjà le successeur de Pelé, alors il attrape le ballon et le place soigneusement à l’endroit qui se trouve à onze mètres du but. Ligue 1 Génération Saka, débuts tonitruants avec Reims : rencontrez Folarin Balogun IL Y A 7 HEURES Mbappé n’est pas là : notre top 5 final Dans sa course, il multiplie les petits pas, s’arrête net, feint une frappe qui fait plonger Ceni sur sa droite. L’attaquant n’a qu’à pousser le ballon du côté opposé. Et il a égalisé. Le lendemain, la presse locale s’agite. Popularisé par “Roi“, La “petit arrêt” (Traduire “le court temps d’arrêt“) est assez courante en Amérique du Sud, mais toujours controversée. D’abord parce qu’elle ne respecte pas l’esprit du jeu, ensuite parce qu’elle peut être assimilée à une sorte d’humiliation. Et on n’humilie pas Rogerio Ceni.
La “stop” puis les échecs
Tout ce tapage est apparemment arrivé aux oreilles d’un certain Jérôme Valcke. Le Français était à l’époque secrétaire général de la FIFA et a décidé de faire adopter une nouvelle loi avec l’IFAB, l’organisme qui régit les règles du football. “La FIFA n’a-t-elle rien d’autre à faire ?», s’interroge alors celui qui, déjà, n’avait pas sa langue dans sa poche. La nouvelle règle stipule désormais que «La feinte pendant la course est autorisée, mais la feinte après la course est désormais illégale et constitue une infraction à la loi 14.” Si Neymar n’apprécie pas vraiment la nouvelle, c’est parce qu’il était, avant même de signer un contrat pro avec Santos, un vrai fan de lui”petit arrêt“.”Quand il a pu faire ça, personne n’a voulu lui donner un penaltyMarcelo Martelotte, l’un de ses anciens entraîneurs à Santos, a déclaré plus tard dans une interview diffusée sur la chaîne YouTube officielle du joueur. Il a tout mis. Mais quand il a dû changer ses habitudes, il a perdu quelques.” Neymar et Kylian Mbappé tirent un penalty contre Montpellier… mais pas avec le même succès – 13/08/2022 Crédit : Getty Images La star brésilienne n’a donc eu d’autre choix que d’adapter son procédé. L’accélération est restée la même, mais le temps d’arrêt a disparu. Efficacité avec. Pendant plusieurs saisons, même après son arrivée en Europe, Neymar se contentera d’être populaire voire indigne de son statut. Au cours de l’exercice 2015/2016, alors que les partenaires de frappe de Messi et Suarez n’ont pas vraiment réussi, l’ailier auriverde a alterné le bon et le mauvais dans la surface de réparation, avec 5 penaltys manqués entre le 11 février 2015 et le 3 février 2016. “C’est anecdotiquetentant de rassurer l’entraîneur de l’époque, Luis Enrique. Je les trouve confiants, surtout Leo mais aussi Luis et Ney. Ce n’est pas un problème. Tout ce que nous pouvons faire, c’est demander au gardien adverse de nous dire de quel côté il va plonger !« En fait, il y a d’autres solutions. Quelques jours plus tard, contre Villarreal, le joueur de Mogi das Cruzes le fera avec une panenka. Cela marquera un avant et un après dans sa façon de tirer les penaltys.
Techniquement très efficace… mais risqué
Car après ça, et alors que l’IFAB a décidé de durcir la règle avant les grandes compétitions (Euro et Copa America Centenaire), punir d’un carton jaune et d’un coup franc pour l’équipe adverse un joueur qui feint un coup après son excursion du St penalty spot, Neymar adopte une nouvelle méthode. En 2012, Neymar n’a pas ralenti son élan pour tirer un penalty Au lieu de prendre un temps mort et de feinter avant de toucher le ballon, l’attaquant choisit désormais de ralentir et de retarder au maximum son tir. Objectif ; Obliger le gardien à plonger pour pouvoir choisir le côté opposé. Techniquement, le processus est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît, car la décision doit être prise en une fraction de seconde et le tir doit être effectué sans garder les yeux sur le ballon. Mais c’est sacrément efficace. Depuis qu’il a pleinement intégré ce savoir-faire, Neymar a converti 46 des 52 penaltys qu’il a tirés. Cela porte son taux de conversion à 88 %, contre à peine 73 % auparavant. Mieux encore, 36 de ces 46 buts ont été marqués en mettant le gardien du mauvais pied. Ainsi, depuis quatre saisons maintenant, Alban Lafont est le seul gardien à avoir stoppé un effort du Brésilien en choisissant le côté droit. La plupart des autres porteurs finissent par ne pas plonger, piégés par la stratégie du Parisien. Ce sont donc désormais eux qui défient le tireur. “Je me suis approché de lui et j’ai dit : “Tu sais si je t’arrête, je suis une star ?”», dira Jessy Moulin après PSG – Troyes en mai dernier. Il a ri et je lui ai dit :Dis-moi au moins de quel côté tu vas tirer.’” Neymar n’a donné aucun indice. Et le gardien troyen s’est ajouté à la longue liste des victimes de son ancienne adaptation”temps d’arrêt court”, qui est devenu un expert des gros ralentissements. Messi, Hernandez, Neymar… : le groupe type des absents Ligue 1 Paredes, Kehrer, Gueye, Herrera : le PSG intensifie son opération de dégraissage IL Y A 11 HEURES Ligue 1 “Penaltygate” au PSG : Campos aurait coupé Neymar et Bape dimanche IL Y A 16 HEURES