Nos organisations demandent que le métier de cuisinier et de cuisinière soit davantage valorisé et reconnu et cela passe par de meilleures conditions de travail, mais pas au détriment des travailleurs à pourboire ! Il n’y a pas de formule magique, pour attirer et garder du personnel il faut de la reconnaissance, de meilleures conditions et évidemment de meilleurs salaires. Les restaurateurs savent très bien que mettre fin aux salaires de misère des ouvriers de cuisine leur reprendra les cordons de leur tablier. Rappelons que ces salaires n’ont augmenté que d’environ 10 % ces deux dernières années, signe de la nécessité de pousser pour remplir les brigades. Le pourboire risque également de déplacer le problème de l’embauche en cuisine vers les serveuses et les serveurs. N’oubliez pas que le taux de salaire minimum pour les travailleurs à pourboire est de 11,40 $ de l’heure, ce qui est inférieur au salaire minimum régulier de 14,25 $. Il est donc facile de voir qu’une journée moins chargée ou même un menu moins cher ne se traduit pas forcément par des pourboires conséquents et donc un gros salaire. C’est une erreur de penser que tous les serveurs et serveuses du Québec travaillent dans de grands restaurants avec des factures énormes. Beaucoup d’entre eux ont encore du mal à joindre les deux bouts ! Les pourboires ont toujours fait partie de la rémunération totale des serveurs et serveuses. Le Québec est aussi la seule province où le salaire minimum qui leur est alloué est inférieur à celui du reste de la population. Et si une partie de la gratification a pu échapper à l’IRS dans le passé, cette question est réglée depuis vingt-cinq ans. Et aimerions-nous aujourd’hui, pour compenser l’insuffisance des salaires du personnel de cuisine, payer les revenus des serveurs et serveuses au lieu d’une redevance supportée par… l’employeur lui-même ? Rappelons que la loi n’empêche en rien le partage des pourboires laissés en salle. Dans de nombreux lieux de travail de restauration, partager des conseils avec le personnel de cuisine est devenu la norme. Cependant, la loi interdit à un employeur de s’impliquer. Car si les travailleurs au pourboire acceptent de partager leurs pourboires avec leurs collègues en salle et en cuisine, c’est parce que les accords sont décidés par les travailleurs eux-mêmes, sans que le chef d’entreprise n’impose ses règles, encore moins ne plonge dans la caisse. Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) Colin Lefebvre-Bouchard, président de Au bas de l’échelle