Publié à 6h16
                Thibault MARCHAND Agence France-Presse             

Dans le même temps, un navire humanitaire transportant des céréales vers l’Afrique a quitté mardi l’Ukraine : pour la première fois depuis que Kyiv et Moscou ont signé en juillet, avec la médiation de la Turquie et sous l’égide de l’ONU, les accords sur l’exportation ont été bloqués de céréales ukrainiennes en raison du conflit. La guerre, qui a débuté le 24 février, s’est traduite par de très lourdes sanctions occidentales contre la Russie et une aide économique et militaire historique à l’Ukraine, provoquant des tensions sans précédent, notamment entre Washington et Moscou. Vladimir Poutine a critiqué plus généralement les États-Unis pour chercher à “déstabiliser” le monde, citant également la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des États-Unis, Nancy Pelosi. « La situation en Ukraine montre que les États-Unis essaient de faire durer ce conflit. Et ils font de même en cultivant la possibilité d’un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine”, a déclaré Poutine dans un discours à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou. Le président russe a dénoncé une « démonstration impertinente d’irrespect de la souveraineté des autres pays et de leurs obligations internationales ». L’accusation intervient alors que des bases militaires russes sur la péninsule de Crimée annexée par la Russie en 2014, qui sert de base logistique aux forces russes, ont été touchées par des incendies. Mardi, un incendie vers 03H15 GMT a provoqué une explosion de munitions dans une base de la région de Djankoï (nord), selon le ministère russe de la Défense. Deux civils ont été blessés et les habitants d’un village voisin ont été évacués, selon le gouverneur de Crimée, Sergueï Aksiov. PHOTO REUTERS Mardi, un incendie a provoqué une explosion de munitions dans une base située dans la région de Djankoï (nord), selon le ministère russe de la Défense. L’explosion a été causée par un “acte de sabotage”, a déclaré l’armée russe dans un communiqué de presse, sans nommer les responsables.

“Dissuader une attaque nucléaire”

“De nombreuses infrastructures urbaines, comme une ligne à haute tension, une centrale électrique, une ligne de chemin de fer, ainsi que de nombreuses maisons ont également été endommagées”, a-t-il précisé. Réagissant à ces explosions, Andriï Iermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, a salué sur Telegram une “opération de démilitarisation comme un travail d’orfèvre par les forces armées ukrainiennes”, qui, selon lui, se poursuivrait “jusqu’à la libération complète des territoires ukrainiens”. La semaine dernière, des munitions destinées à l’aviation militaire ont explosé à la suite d’un incendie dans un entrepôt situé sur le territoire de l’aérodrome militaire de Saki, dans l’ouest de la Crimée. Ces explosions ont fait un mort et plusieurs blessés. L’incident a été présenté par Moscou comme le résultat d’un accident, mais les experts et les images satellites semblent révéler le résultat d’une attaque ukrainienne. Depuis l’invasion de l’Ukraine, la Crimée a joué un rôle clé dans la stratégie russe. L’offensive dans le sud de l’Ukraine, qui a permis à Moscou de s’emparer de vastes étendues de territoire dans les premières semaines de la guerre, y a commencé.
Des avions russes décollent également presque quotidiennement de la Crimée pour frapper des cibles dans les zones sous contrôle de Kiev. De nombreuses zones de cette péninsule sont à portée des armes et des drones ukrainiens. Malgré le conflit, la Crimée est restée un lieu de villégiature important pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l’été sur ses plages. La centrale nucléaire de Zaporijia, sous contrôle russe, dans le sud de l’Ukraine, est également restée une source de grande tension pendant des jours : plusieurs frappes, imputées l’une à l’autre par Moscou et Kyiv, ont visé l’installation, la plus grande d’Europe.
PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, DOSSIER REUTERS La centrale nucléaire de Zaporijjia, sous contrôle russe, dans le sud de l’Ukraine, est également restée une source de grande tension pendant des jours. Si la crainte d’une catastrophe nucléaire s’est manifestée jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s’est rassuré mardi sur les intentions russes dans le secteur nucléaire.

Céréales pour l’Afrique

“Le but principal des armes nucléaires russes est de dissuader une attaque nucléaire”, a-t-il déclaré. Emmanuel Macron rencontrera mardi son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au sujet de la situation à la centrale de Zaporijia, selon la présidence française. Alors que le conflit a entraîné le blocage des exportations de céréales ukrainiennes pendant des mois, aggravant l’insécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement, le premier navire de l’ONU chargé de céréales pour l’Afrique est parti mardi.
Selon le ministère ukrainien des Infrastructures, le navire a quitté le port de Pivdenny, dans le sud de l’Ukraine, avec environ 23 000 tonnes de céréales à bord à destination de l’Éthiopie.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), un nombre record de 345 millions de personnes dans 82 pays sont désormais confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que jusqu’à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de mourir de faim sans aide humanitaire. Depuis les accords d’exportation de céréales ukrainiennes signés fin juillet, plus de 15 bateaux au total ont quitté l’Ukraine, selon le décompte de Kiev, mais aucune cargaison humanitaire de l’ONU n’a encore mis les voiles. Présent dimanche au port de Pivdenny, le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandr Kubrakov a dit espérer que “deux ou trois” navires supplémentaires affrétés par l’ONU pourraient partir prochainement.