La compilation des résultats des examens ministériels de juin n’est pas encore disponible auprès du ministère de l’Éducation. Sa porte-parole, Esther Chouinard, affirme toutefois qu’il y a eu une “légère augmentation” des inscriptions aux reprises en français langue d’enseignement et en français langue seconde. Pour toutes les matières, le nombre d’élèves qui se sont inscrits aux examens de reprise à la fin juillet est toutefois “comparable aux années précédentes”, ajoute Mme Chouinard. Le portrait varie toutefois selon les centres de services scolaires, selon les données obtenues par Le Journal auprès d’une quinzaine d’entre eux. Dans la majorité des centres de services, les inscriptions aux cours d’été et aux examens complémentaires ont augmenté. La pandémie C’est notamment le cas à la Polyvalente La Samare de Plessisville. « Le taux d’échec est plus élevé que les années précédentes. On a pu voir une différence entre l’avant et l’après-pandémie », explique sa directrice, Danielle Béliveau. Les examens du ministère sont revenus cette année après une absence de deux ans. “Je pense que les adolescents ont été les plus durement touchés par la pandémie. Ils manquent de maturité et de motivation car ils ont peur de l’avenir. Ils ont du mal à se mettre en avant car ils savent que cela pourrait ne pas arriver », ajoute Mme Béliveau. Enregistrement des inscriptions Le taux d’échec est aussi plus élevé cette année à l’école secondaire Mont Sainte-Anne, située à Beaupré, près de Québec. « Au niveau du centre de services, nous n’avons jamais eu autant d’inscriptions pour les cours d’été », affirme son directeur, Luc Paquet. “Plus on revient à la normalité, plus on se rend compte qu’il y a des jeunes qui manquent de connaissances. Et la critique du ministère est plus honnête, disons”, dit-il. Le cadre pèse aussi, ajoute le directeur adjoint Jean-François Lanoue. Au cours des deux dernières années, les enseignants ont diversifié leurs méthodes d’évaluation et les élèves ont passé moins d’”évaluations classiques”, dit-il. « Les étudiants sont-ils devenus plus stressés ? Ça peut. Ont-ils été moins forés qu’avant pour les examens du ministère ? Ça peut. Mais ce n’est peut-être pas simplement un manque de compétences », dit-il. En plus de la retenue des notes par le ministère, qui a entraîné l’échec d’élèves qui avaient obtenu de bons résultats tout au long de l’année scolaire, les résultats des examens ministériels ont également été publiés cet été avec une semaine de retard. Certains n’ont pas pu s’inscrire aux cours d’été ou aux examens de reprise parce qu’ils ont appris trop tard qu’ils avaient échoué, ajoute M. Lanoue.
Demande de bulletin révisé et corrigé
A l’approche de la rentrée, les chefs d’établissement demandent une réflexion approfondie sur l’évaluation des élèves pour aboutir à un nouveau bulletin revu et corrigé.
Au cours des deux dernières années, la pandémie a entraîné des changements dans l’évaluation des élèves qui s’appliqueront encore cette année.
Le nombre de bulletins est passé de trois à deux par année scolaire, tandis que les examens ministériels de fin d’enseignement secondaire comptent désormais pour 20 % de la note finale d’un élève, au lieu de 50 %.
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a déjà annoncé qu’il consultera les exploitants de réseaux scolaires à ce sujet cette année, afin de voir si ces changements se maintiendront.
Pourtant, les chefs d’établissement ne demandent rien de moins qu’un “général des états” pour faire le point sur la situation.
Tout doit être mis sur la table, indique Nicolas Prévost, président de la Fédération des directions d’école du Québec (FQDE), qui représente la majorité des directions d’école de la province.
“Nous voulons vraiment aborder les problèmes fondamentaux, à tous les niveaux”, dit-il.
Le ticket crypté a été contesté
Le nombre de signalements, le format et l’objet des évaluations ainsi que les communications aux parents devraient faire l’objet de discussions, selon la FQDE.
“Il y a si peu d’informations qui circulent entre les réseaux et les parents, c’est une très grosse faiblesse”, affirme son président.
Même la présence de chiffres sur le bulletin, surtout au primaire, doit être remise en question afin que le bulletin ne soit pas un « outil de performance », souligne M. Prévost.
Pour la FQDE, l’évaluation des étudiants est liée à la réussite scolaire en raison du stress et de l’anxiété qu’elle engendre chez les étudiants.
Dans les autres provinces canadiennes, les notes numérotées ont depuis longtemps disparu du bulletin scolaire. En Colombie-Britannique, les portfolios numériques sans lettres ni pourcentages ont même remplacé les portfolios traditionnels depuis plusieurs années.
Au fil des ans, plusieurs acteurs du réseau de l’éducation ont réclamé que les tests soient contestés, notamment au primaire, où plusieurs enseignants estiment qu’il y en a trop.
À la Fédération des comités de parents du Québec, nous sommes d’accord avec les recommandations du Conseil supérieur de l’éducation qui proposait en 2019 de réviser le bulletin scolaire de fond en comble afin d’en faire un outil d’apprentissage plutôt qu’un outil d’évaluation, en notamment en éliminant la moyenne du groupe.
Exemples
Cours d’été* Centre de services scolaire Premières Seigneuries (Québec) :
Été 2022 : 153 Été 2021 : 129
Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries (Montérégie) :
Eté 2022 : 266 étudiants Été 2021 : 171 étudiants
Centre de services scolaire Beauce-Etchemin** :
Été 2022 : 117 étudiants Été 2021 : 74 étudiants
*Seules les matières de 4e et 5e secondaire sont sujettes aux examens ministériels **Ces données concernent uniquement les étudiants du CSS Beauce-Etchemin, qui offre également des cours en ligne à d’autres étudiants ne faisant pas partie de ce centre de services. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.