Partir en l’annonçant, mais discrètement. Cela semble avoir été le signal de la France pour mettre fin à une séquence de neuf ans d’intervention militaire au Mali. Lundi 15 août, “le dernier détachement de la force ‘Barkhane’ sur le territoire du Mali a franchi la frontière entre le Mali et le Niger”, a annoncé l’état-major des troupes. Le premier a été déployé au Mali en 2013 dans le cadre de l’opération antiterroriste « Serval », devenue « Barkhane » l’année suivante. Les derniers militaires français, partis lundi, se trouvaient au camp de Gao. Cette ville du nord-est est située dans la zone dite tri-frontalière limitrophe du Mali, du Burkina Faso et du Niger, épicentre d’activité des groupes armés sahéliens liés au groupe Etat islamique ou al-Qaïda. Gao était la principale base de l’opération française au Sahel, 5 100 au total, présents au Mali, au Niger et au Tchad. Le retrait militaire français du Mali a débuté fin 2021. Progressivement, “Barkhane” a rendu à l’armée malienne les clés de ses bases de Kidal, Tessalit, Tombouctou, Gossi puis Ménaka. Mais cette fois, Paris et Bamako semblent s’être épargné toute cérémonie officielle de passation de pouvoir. Cependant, Gao était la plus grande base française en Afrique. Ce retrait sournois est révélateur de la tension entre les deux pays, dont les relations se sont progressivement détériorées depuis le coup d’État militaire d’août 2020. Lire aussi Article destiné à nos abonnés Comment le Mali a connu un deuxième coup d’état en moins d’un an

Focus à nouveau sur le Niger

Le 28 juillet, lors d’une visite officielle en Guinée-Bissau, Emmanuel Macron a déclaré que la lutte contre le terrorisme n’était “plus l’objectif” de la junte militaire malienne. “C’est ce qui a présidé à notre choix de quitter le territoire malien”, a-t-il ajouté. Bamako avait dénoncé cette attitude « néocoloniale, paternaliste et condescendante ». La “restructuration de l’appareil de l’opération Barkhane”, selon les termes employés par l’Elysée, doit permettre de se recentrer sur le Niger. “La France reste attachée au Sahel, au golfe de Guinée et à la région du lac Tchad”, a déclaré la présidence française. Pour Paris, « l’efficacité [des soldats français] démontré par la neutralisation de la plupart des hauts gradés des groupes terroristes maliens. » Bien que ces groupes soient toujours actifs. Lire aussi Article destiné à nos abonnés « Barkhane », défaite d’une utopie civilo-militaire
Au moins 42 militaires maliens ont été tués le 7 août à Tessit, district de Gao, rappel de la puissance de feu des jihadistes. D’autant plus que la menace se déplace vers le sud, en se rapprochant de Bamako. Les pays voisins riverains du golfe de Guinée ne sont plus épargnés. Il vous reste 50,55% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.