Malgré de vagues promesses, le gouvernement qu’il dirige s’appuie sur le cercle des talibans historiques et la majorité pachtoune. Il n’y a donc pas de place pour les représentants des minorités ethniques, Tadjiks ou Khazars, ni pour les femmes. La nouvelle force peut se vanter d’avoir rétabli l’ordre après vingt ans de guerre civile et d’occupation étrangère. Mais c’est au détriment d’un sectarisme symbolisé par les actions de la police morale sous les ordres du « Ministère de la répression du vice et de la propagation de la vertu ».
2 Triste sort des femmes et des filles
La ségrégation sexuelle, l’épine dorsale de l’idéologie talibane, s’est avérée être la priorité absolue. Depuis mai, le port de la burqa en public est redevenu la norme. Et attention à celles qui risqueraient de porter un simple voile ou de sortir de chez elles sans être accompagnées d’un membre masculin de la famille. Le samedi 13 août, une petite manifestation d’une quarantaine de femmes réclamant leurs droits, comme beaucoup d’entre elles avaient voulu le faire dans les semaines qui ont suivi le retour des talibans, a été brutalement dispersée. Encouragées à rester à la maison, exclues de la plupart des emplois publics, découragées de faire le moindre travail, les femmes afghanes connaissent un grand et douloureux revers. L’école primaire reste ouverte aux filles, mais la promesse de garder ouverts les lycées et les collèges n’a pas été tenue. Et si les universités continuent d’accepter les filles dans les filières non mixtes, leur recrutement se tarira lorsque les étudiants actuels quitteront les salles de classe. Face à cet apartheid scolaire, la seule solution est l’organisation d’écoles clandestines, qui luttent pour survivre.
3 Crise économique et financière
Selon les estimations des organisations internationales, plus de la moitié des 38 millions d’Afghans vivent dans l’insécurité alimentaire, sans parler de la faim. Et les restrictions touchent 95% de la population. Le gel américain des avoirs de la Banque centrale afghane n’a pas été levé, provoquant l’effondrement du système bancaire. Et l’aide internationale, qui représentait 45 % de la richesse du pays, se limite à une aide humanitaire d’urgence, bien insuffisante. Les chefs talibans minimisent les difficultés et l’exploitation des richesses minières, principalement le charbon, leur permet de percevoir quelques revenus et impôts. Mais le chômage a explosé, obligeant les familles à se contenter d’expédients parfois redoutables, comme la vente d’enfants ou le trafic d’organes. Et dans les rangs des talibans, le mécontentement populaire et la rivalité au plus haut niveau sont des risques pour l’avenir.