Depuis l’accord de Paris sur le climat en 2015, le consensus semble acquis : presque tous les pays du monde, grandes entreprises, banques, collectivités locales se sont fixé pour objectif d’atteindre la « neutralité carbone » d’ici 2050 pour limiter l’impact de la catastrophe climatique. Cet horizon est ambitieux : concrètement, il signifie que le monde doit se débarrasser du pétrole, du gaz naturel et du charbon d’ici trente ans, qui représentent encore 80 % de la consommation d’énergie. Cela nécessite des changements majeurs dans le mode de vie, le mouvement, la nutrition, le travail, le chauffage. Depuis mai, Le Monde propose, tous les mardis, “Chaleur humaine”, un podcast dédié au défi climatique, animé par le journaliste Nabil Wakim, ancien chef du service politique et expert en énergie, et réalisé par Adèle Ponticelli. Les épisodes sont disponibles gratuitement sur Lemonde.fr et toutes les applications de podcast. Une newsletter gratuite est également disponible sur Lemonde.fr Comment vivez-vous dans un monde qui se réchauffe ? Montée du niveau de la mer, hausse des températures, incendies de forêt, phénomènes météorologiques extrêmes : tout cela se produit – et se produira, malgré tous nos efforts pour limiter les effets du réchauffement climatique. Que faites-vous quand vous vivez dans une région où vous savez que dans dix ans, dans quinze ans, vous ne pourrez plus vivre ? Comment rendre nos villes vivables malgré les canicules ? Qu’adviendra-t-il des vallées qui vivent du ski, des côtes qui vivent du tourisme ? Pour répondre à ces questions, notre reporter Nabil Wakim échange avec la géographe Magali Reghezza-Zitt, spécialiste de la grande inondation de Paris en 1910, membre du Haut conseil pour le climat depuis 2018 où elle évoque notamment la question de l’adaptation.

Vous dites que pour comprendre la problématique de l’adaptation aux changements climatiques, il faut s’imaginer devant un album photo. Pourquoi ?

Le changement climatique est une tendance fondamentale qui provoque un réchauffement atmosphérique à l’échelle planétaire. Cependant, une tendance, nous ne voyons pas. Quand on regarde un album photo, on remonte dix ans, quinze ans en arrière, on voit qu’on a changé. Sauf que tous les jours, quand vous vous regardez dans le miroir, vous ne voyez pas ces changements. Il y a la tendance que l’on peut mesurer depuis plusieurs décennies. Et puis il y a ce que chacun de nous voit, perçoit et expérimente. Sachant bien sûr que ce que nous voyons du changement climatique, en général, ce sont les extrêmes, les chocs. Vous avez lu 86,54% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.