Mali : de Serval à Barkhane, on résume neuf ans d’engagement militaire français au Sahel en dix dates clés franceinfo : Pourquoi ce retrait des troupes françaises, annoncé il y a plusieurs mois ? La France considère-t-elle les mouvements islamistes comme vaincus ? Michel Galy : Pas du tout, mais il y a un nouveau front : le gouvernement militaire du Mali, sortant d’un coup d’État, qui est de plus en plus anti-français et même anti-occidental. Ce gouvernement obtint le départ de la force Barkhane du Mali. Emmanuel Macron n’avait-il pas d’autre choix ? Quelque peu. Le président français a choisi de privilégier le Niger pour réorganiser la force Barkhane sous de nouvelles formes. Et puisque cette force Barkhane est présente dans cinq pays, il a aussi choisi de réduire les effectifs, de négocier de nouvelles formes de coopération ou d’installations militaires avec des pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin. Mais ce n’est pas gagné, car l’opinion anti-française monte dans toute l’Afrique de l’Ouest et notamment au Sahel. Quelles ont été les erreurs de la France pendant les neuf années de l’opération Barkhane ? De nombreuses bévues ont été commises, d’abord avec une certaine arrogance de la part des dirigeants français. Ils avaient la volonté de contrôler le calendrier politique, comme lorsque le président François Hollande avait imposé la date de l’élection présidentielle, et la volonté de marginaliser les armées nationales, ce qu’un pays a du mal à supporter. C’est la leçon apprise par le président Emmanuel Macron. Pourtant, la situation s’envenime entre l’opinion publique et les dirigeants français. La situation a-t-elle beaucoup changé en neuf ans depuis le début de l’opération Barkhane ? C’est une question compliquée. Les forces maliennes se sont professionnalisées, et étaient totalement inexistantes fin 2012. Mais les jihadistes ont évolué : à l’époque, ils tenaient majoritairement le nord du Mali avec les séparatistes ou séparatistes touaregs. Désormais, ils se sont installés dans le centre du Mali avec notamment le groupe Katiba Macina. Et ils se dirigent vers la capitale. Donc la situation devient de plus en plus difficile militairement. Diriez-vous que le Mali pourrait redevenir un bastion terroriste dans les semaines à venir ? Réellement. Les groupes jihadistes visent, comme ils l’ont fait fin 2012, ce qui a motivé la première intervention française des Serval : la prise de la capitale. Il y a eu des attaques près de Bamako. Et ils attaquent partout, au Mali mais aussi au Burkina Faso, où la situation est encore plus difficile.