Après les départs de ténors radio et la fin d’émissions iconiques, une nouvelle génération d’animateurs s’apprête à prendre le relais cet automne. Quels défis les attendent ? Que réservent-ils aux auditeurs ? Le devoir fait le point sur certaines d’entre elles à l’approche du grand saut.
Entre réunions d’équipe, actualités et émissions pilotes, Alex Boissonneault se prépare activement depuis une semaine à faire ses grands débuts à l’antenne. Lundi matin, il reprend pour la première fois les rênes de l’émission Première heure à ICI Première Québec. « Je suis curieux de la réaction des auditeurs après les premières diffusions. Je sais qu’il faut construire une relation avec eux, mais je suis persuadé que j’y arriverai”, lâche-t-il dans l’interview, un peu fébrile à l’approche du jour J. C’est presque un cadeau empoisonné que lui a laissé son prédécesseur. L’ancien animateur Claude Bernatchez a raccroché son micro en juin dernier, lorsque l’émission qu’il a pilotée pendant 17 ans a été intronisée en tête des audiences télévisées dans la vieille capitale. On garde la même équipe, le même nom, la même façon de faire l’actualité, mais j’apporterai ma couleur d’animateur. Je viens avec un parcours différent, une personnalité différente et des intérêts différents. Il y aura forcément une dose de changement même si on reste dans la continuité. « Claude était adoré des auditeurs, il a quitté l’émission en beauté. Bien sûr, je veux que ça reste comme ça”, confie le journaliste de 43 ans. Au moins, se rassure-t-il, il ne part pas de zéro. Il a fait quelques remplacements dans les émissions du matin de Radio-Canada en Ontario il y a une dizaine d’années. Plus récemment, notamment à la télévision, il a pu s’entraîner tout en prenant part à des émissions telles que Les Ex, Les amoureux de la politique, Période de questions et Zone économique. Correspondant politique à l’Assemblée nationale pendant six ans, il connaît bien les enjeux concernant le Québec et sa région, dont il est également natif, ayant grandi à Saint-Ferdinand. « Bien sûr, il y aura des repères à trouver. Je vais devoir trouver mon ton, comprendre la mécanique du spectacle. Mais ce qui est rassurant, c’est que l’équipe qui va me soutenir reste la même”, ajoute-t-il. S’il entend s’inspirer de Claude Bernatchez – dont il admire l’authenticité, la simplicité, la capacité à vulgariser l’information et sa grande maîtrise de la langue française –, il ne souhaite pas en faire « Claude 2.0 ». « On garde la même équipe, le même nom, la même façon de faire l’actualité, mais je porterai ma couleur d’animateur. Je viens avec un parcours différent, une personnalité différente et des intérêts différents. Il y aura forcément une dose de changement même si on reste dans la continuité. »
Il fonctionne sur 98,5 FM
Il y aura également un changement les matins de week-end à 98,5 FM. Dès le 20 août, la chroniqueuse Elisabeth Crête prendra en main l’animation de cette case horaire détenue par Paul Houde depuis 15 ans et dont le contrat n’a pas été renouvelé. Le spectacle Les week-ends de Paul Houde ça se passe comme ça Même le week-end et fera place à de nouveaux collaborateurs, dont Chantal Lamarre. On retrouvera également Jérémie Rainville parlant de sport et de société, Valérie Beaudoin livrant une chronique sur les États-Unis et François Gagnon parlant de finances personnelles, pour n’en nommer que quelques-uns. “Ce qu’on veut faire avec cette émission, c’est traiter de l’actualité, mais avec un ton plus week-end. C’est le ton que je vais essayer d’apporter, explique Elisabeth Crête. Les samedis et dimanches les gens boivent leur café en écoutant la radio, ils ont leur semaine dans le corps et ils veulent être informés, mais plus détendus. » Une plus grande place sera ainsi accordée au divertissement et à la culture, souligne le nouvel animateur qui a daté sur les réseaux sociaux au micro de Paul Arcand. Il souhaite également ajouter une excellente interview avec une personnalité publique une fois par semaine. “L’idée sera de l’entendre parler d’un point de vue plus personnel. ses intérêts, ses passions, un défi qu’elle vit. Des entretiens très humains donc. » À 31 ans, Elisabeth Crête ne prétend pas « tout révolutionner » ni remplacer Paul Houde du jour au lendemain. « Comme plusieurs animateurs, Paul Houde a laissé une marque très spéciale dans le cœur des auditeurs. […] Il y a inévitablement une certaine inquiétude à suggérer quelque chose de différent. » Il admet également qu’il a encore beaucoup à apprendre. Car si elle a déjà fait des substitutions d’animation au micro du 98.5 FM, c’est la première fois qu’elle sera aux manettes de sa propre émission. « Il y a une différence entre faire une chronique hebdomadaire et une émission de quatre heures chaque week-end. J’ai beaucoup à apprendre […] J’aurai la chance de pouvoir compter sur mon équipe, sa grande expérience et ses connaissances, pour évoluer dans ce domaine. » Ce n’est pas une position très confortable, mais vous pouvez sortir de votre zone de confort. […] Je connais mon métier, je trouverai mes repères. Et puis la culture est le sujet dont j’aime le plus parler.
Partir de rien
Dès le 5 septembre, une nouvelle émission culturelle animée par Emilie Perreault débutera Plus il y en a, mieux c’est, plus on lit à ICI Première. “Pour ce genre d’émissions, la mentalité est de choisir l’hôte, puis de construire quelque chose autour d’eux. […] Il ne servait à rien d’essayer de le réparer Plus il y en a, mieux c’est, plus on lit. On repart à zéro, on fait autre chose”, explique Emilie Perreault. Nouvelle équipe de chercheurs, nouveaux partenaires, nouveau nom de programme (qui sera également dévoilé lundi) : repartir de zéro s’accompagne forcément d’une dose de stress, avoue l’animateur de 37 ans. « Ce n’est pas une position très confortable, mais il n’y a rien de mal à sortir de sa zone de confort. […] Je connais mon métier, je trouverai mes repères. Et puis la culture, c’est le sujet dont j’aime le plus parler », souligne l’ancien chroniqueur culture à Puisqu’il faut se lever à 98,5 FM pendant six ans. Avec ce nouveau rendez-vous radio, il entend aborder la culture sous toutes ses coutures et inspirer les auditeurs à la consommer encore plus. Théâtre, littérature, arts visuels, humour, cinéma ou encore musique, il y en aura pour tous les goûts. « Nous aurons une banque de collaborateurs qui viendront parler de leurs découvertes. Ils seront là régulièrement, mais pas tous les jours. Je veux différencier les opinions, découvrir de nouvelles voix”, insiste-t-il, révélant avoir déjà invité la chroniqueuse littéraire Claudia Larochelle, l’humoriste et comédienne Mariana Mazza ou encore l’écrivain et pédagogue Mathieu Poulin. De l’aveu même de Mme Perreault, prendre la relève de l’animatrice Marie-Louise Arsenault est un “grand défi”. “J’essaie de ne pas me forcer en me demandant si les gens vont m’aimer. Je considère comme un privilège de la suivre et de profiter du fait qu’elle a créé une habitude pour les auditeurs d’écouter la culture. Certains vivront un deuil, il y aura un ajustement au début, mais j’en suis sûr. »