Des millions de carpes dans le marais breton-vendéen, entre Noirmoutier et Saint-Jean-de-Monts (Vendée). Mort de dizaines de cerfs et d’élans dans le parc naturel de la Sierra de Baza, près de Grenade, dans le sud de l’Espagne. Des centaines de grenouilles asphyxiées après la quasi-disparition du lac Petrus dans le Mercantour, à la frontière italienne. La sécheresse sans précédent qui touche actuellement l’Europe occidentale, la pire depuis le début des relevés en 1959, est un désastre pour la faune. « Et pourtant ! On ne voit que la pointe de l’iceberg », prévient Jean-Noël Rieffel, directeur de l’Office français de la biodiversité (OFB) en région Centre-Val de Loire. « La situation est historiquement très dégradée et 2022 s’annonce être l’année de référence en termes de surmortalité des espèces aquatiques et terrestres », prévoit-il. Lire aussi : L’article est pour nos abonnés Sécheresse : à travers la France, de nouvelles tensions autour de l’eau
Des insectes et des invertébrés souterrains, invisibles et infinis meurent de dessèchement. L’indice d’humidité du sol est inférieur à celui enregistré lors des précédentes sécheresses historiques de 1976 et 2003, selon les mesures du CNRS. Par endroits, tous les micro-organismes disparaissent et, avec eux, les fonctions qu’ils jouent dans la chaîne alimentaire, explique l’OFB, un établissement sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.

Multiplication des actifs

C’est ainsi que les sangliers apparaissent près des tuyaux d’irrigation ou sur les plages. En l’absence de coléoptères, de vers de terre et de chenilles, voire d’escargots et de limaces qui constituent généralement leur alimentation de remplacement lorsque les premiers sont épuisés, les hérissons paient un lourd tribut, parcourant des kilomètres pour trouver de la nourriture. Beaucoup d’entre eux finissent par tomber dans la rue. Le hérisson est un animal de garde. Son comportement donne l’alerte lorsque l’état de l’écosystème qui le protège se détériore. Même chose avec la rainette verte. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’amphibien présent dans les lacs, mares et mares de la moitié nord de la France fait partie des premières espèces touchées par l’assèchement des zones humides et la pollution des eaux. Il est sur la liste des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Lire aussi : Article destiné à nos abonnés “Il faut engager une réflexion démocratique sur le partage de l’eau”
Dans les milieux aquatiques, les effets de la sécheresse sont palpables. Début août, à Orléans, la température de la Loire est montée à 31°C. Le 15 juillet, la température du dernier fleuve sauvage du Vieux Continent, la Vjosa, en Albanie, a atteint un maximum de 32°C. “Ce niveau, rarement atteint par le passé, est mortel pour de nombreux poissons. C’est la catastrophe pour les poissons grands migrateurs comme l’alose ou le saumon de Loire-Allier, dernière souche sauvage d’Europe de l’Ouest, qui remontent habituellement le fleuve à cette période », observe M. Rieffel. Il vous reste 65,48% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.