Dans le quartier Joué, une maison entièrement détruite par un incendie, juste en face de celle de Corinne, qui s’est échappée Thierry David / “SUD-OUEST”
“J’ai honte d’être épargné”
Malheureusement, tout n’est pas bon pour tout le monde. Même aujourd’hui. Dans le quartier de Joué, à quelques kilomètres de là, la forêt carbonisée crache encore ses fumées. Les pompiers traversent la forêt sombre, sur des routes aux allures de décor de film dystopique, dans ce village déserté. Tiphanie et sa mère Corinne viennent de rentrer, surprises. “On le savait, mais être devant, j’ai la peur au ventre, avoue Corinne. Non, je ne suis pas prêt à dormir à la maison. Miraculeusement je me suis échappé, mon jardin est carbonisé, le feu s’est arrêté devant ma véranda. J’ai honte d’avoir eu cette chance alors que mes voisins d’en face ont tout perdu. » Plusieurs maisons ont été complètement détruites dans ce quartier. Plus précisément, une belle ferme rénovée. “Ils y ont travaillé pendant deux ans, c’était toute leur vie”, poursuit Corinne. Pendant le travail, ils dormaient dans une caravane. L’avoir devant moi me dérange. Quand tu vois les choses de loin, derrière la télé, tu le supportes, mais là, dans la vraie vie, il faut le prendre. Un groupe de pompiers s’arrête un instant et tente une explication pour justifier “le miracle” de l’épargnement de la maison de Corinne. “Un canadair devait larguer la charge d’eau, juste au-dessus de votre maison, c’est le plus logique”, commente un pompier. Certains ont eu la même chance, d’autres non. La nuit du mardi au mercredi était la pire. »
“Il faut ouvrir les supermarchés”
Corinne et Tiphaine ne vont pas rester ce soir. Et puis, l’électricité n’a pas été réinstallée. Et puis, ils constatent que la fumée dans la forêt est encore très proche. Et puis, il y a ce hérisson incinéré dans le jardin devant lequel ils ont hoqué… “Et puis, honnêtement, je ne sais pas si cet endroit aura encore un sens pour nous”, ajoute Tiphaine. Il y aura un avant et un après. En quelques heures pourtant, Belin-Béliet a retrouvé vie, les volets sont ouverts, les allées et venues des familles rentrant chez elles, les bruits de la vie quotidienne se font à nouveau entendre. A la mairie, l’équipe municipale, les bénévoles n’ont toujours pas fini. Le retour des citoyens dans les maisons crée une agitation impossible dans l’immeuble, orchestrée par le maire Cyrille Declercq. “Nous avons encore demain pour souffrir”, dit-il. Demain nous ouvrons à 8h, il reste beaucoup de choses et les gens auront besoin d’aide de toute part. Là il faut demander aux directeurs de Super U et d’Intermarché d’ouvrir exceptionnellement. Pourtant, ce dimanche, tout le monde semble mieux respirer. “On a pu dormir”, commente Cyrille Declercq. Au moment où nous avons commencé à voir de la pluie, juste avant minuit, nos craintes d’une tempête sèche avaient disparu. Quel soulagement. »