• A lire aussi : Un père enfin revenu dans sa famille «Nous avons eu la confirmation en juin que nous étions des résidents permanents, mais nous ne sommes pas autorisés à retourner dans la région [canadien]juste parce que nous n’avons pas encore imprimé notre carte [qui officialise la décision] », déplore Frédéric Brett, qui s’est installé au Québec en juillet 2018 avec sa femme, Karine Arnaud, et leurs deux filles, Léna, 17 ans, et Julia, 13 ans. Partie en vacances en France cet été pour retrouver des parents qu’elle n’avait pas vus depuis plus de trois ans, la famille ne peut plus rentrer au pays. Cependant, le gouvernement canadien a accordé la résidence permanente à ses membres. “Le problème est que pour voler, vous devez demander un” permis de voyage électronique “. Sauf que quand on est résident permanent on n’est pas obligé de faire ça, il faut présenter la carte de résident qu’on n’a pas encore reçue, donc c’est bloqué”, explique la maman. Une fête qui vire au cauchemar En 2021, après trois ans sur le sol canadien, la famille originaire du Vaucluse, dans le sud-est de la France, décide de demander la résidence permanente. Une fois le dossier complet, le site Internet d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) leur indique qu’ils devraient recevoir une réponse d’ici octobre 2023, explique Mme Arnaud. «Bien sûr, nous organisons nos vies autour de cette date», explique M. Brett, qui travaille chez un concessionnaire automobile au Québec. Compte tenu des délais d’exécution, rien n’indiquait que leurs vacances prévues depuis février se transformeraient en cauchemar. Mais contre toute attente, le traitement de leur demande s’est subitement accéléré, et c’est pour cette raison qu’ils ont finalement reçu leur nouveau statut en juin. « Normalement, une fois la décision prise, l’impression de la carte peut prendre de quatre à six semaines, il fallait donc avoir raison. Mais notre archiviste n’a pas validé nos photos, donc les cartes n’ont pas encore été imprimées », soupire M. Brett. Les visas de travail sont toujours valables Un agent de l’IRCC aurait averti M. Brett par téléphone la semaine dernière que lui et sa famille n’auraient pas leurs cartes avant le 11 septembre. «Ce qui est fou, c’est que si on n’avait pas eu la résidence permanente en juin, on aurait pu revenir au Québec avec nos visas de travail qui sont valides jusqu’en 2024», explique Mme Arnaud, qui est éducatrice dans une garderie. À cause de la situation, tout le monde a peur de perdre son emploi s’il ne revient pas bientôt. « Nous avons tout au Québec! Nous avons notre maison, notre chat, nous travaillons tous les quatre et nos filles vont à l’école ici », raconte le couple, qui s’interroge désormais sur l’immigration. Immigration, Réfugiés, Citoyenneté Canada n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Retards interminables

Les iniquités et les retards dans le traitement des dossiers par Immigration, Réfugiés, Citoyenneté Canada (IRCC) font face à des délais importants qui peuvent avoir de graves conséquences pour les demandeurs. « Les retards sont vraiment problématiques partout dans le domaine de l’immigration, qu’il s’agisse de résidence, de citoyenneté ou humanitaire. Ça crée des problèmes, de vrais problèmes dans la vie des gens », déplore Me Stéphanie Valois, avocate et présidente de l’Association des avocats et avocates en immigration du Québec. Après le fiasco des passeports, des aéroports ou du traitement des demandes de prestations d’assurance-emploi, le gouvernement fédéral ne semble pas accélérer ni rattraper son retard sur les demandes d’immigration. Il est alors impossible pour des milliers de candidats de savoir quel sera leur avenir. Selon le site Web d’IRCC, une demande CH peut prendre jusqu’à 20 mois. Pour les demandes de permis de travail, le traitement peut prendre plus de cinq mois si la personne est au Canada et présente sa demande en ligne. Toutefois, le délai est ramené à 10 semaines si la même demande est formulée depuis la France pour un emploi “essentiel”, comme celui d’agent de santé. La demande de citoyenneté peut prendre jusqu’à 26 mois. Et même pour les Canadiens, même aujourd’hui, les demandes de passeport connaissent encore des retards importants, allant de 10 jours à 13 semaines. Explications En plus des délais, les dossiers transmis à IRCC sont traités de manière complètement anarchique, déplore Me Valois. “On s’est rendu compte que les anciens dossiers sont mis de côté, alors que les dossiers récents sont traités en premier”, dit-il. Résultat : les personnes qui ont déposé en 2021 ont peut-être déjà reçu une réponse, alors que les demandes faites en 2020 n’ont pas de nouvelles de l’immigration. Cependant, il est impossible de savoir comment fonctionne le ministère. “N’a pas de sens! Au début, c’était à cause de l’Afghanistan, puis c’était le COVID… mais tout le monde a réussi à s’adapter et à fonctionner », dit-il. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.