Il s’agit d’une visite inopinée. Les législateurs américains – un sénateur et quatre représentants, démocrates et un républicain – rencontreront principalement le président Tsai Ing-wen et le ministre des Affaires étrangères Joseph Wu, selon le ministère taïwanais des Affaires étrangères. Cette délégation du Congrès américain est arrivée à Taïwan dimanche et y restera jusqu’au lundi 15 août, selon l’American Institute in Taiwan, l’ambassade des États-Unis sur l’île. Cette visite intervient quelques jours seulement après la fin des manœuvres militaires massives, les plus importantes jamais menées par Pékin, autour de Taïwan. La réponse a été suscitée par une visite de la présidente de la Chambre des États-Unis, Nancy Pelosi, qui a provoqué la colère de la Chine. Le pays considère Taiwan, avec une population d’environ 23 millions d’habitants, comme l’une de ses provinces, qu’il n’a pas encore réussi à réunir avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). Lire aussi : Article pour nos abonnés Nancy Pelosi sur Taïwan : Pékin intensifie ses menaces
Encore une fois, la Chine répond avec colère. L’agence de presse officielle Xinhua a publié un commentaire intitulé : “Les politiciens américains devraient arrêter de jouer avec le feu sur la question de Taiwan”. Au lieu de cela, le ministre des Affaires étrangères de Taiwan a salué la décision américaine dans un communiqué de presse : “Alors que la Chine continue d’aggraver les tensions dans la région, le Congrès américain a de nouveau envoyé une délégation de haut niveau à Taïwan, démontrant une amitié insensible aux menaces de la Chine et soulignant la détermination des États-Unis à soutenir Taïwan”. La capitale taïwanaise, Taipei, a accusé la Chine d’utiliser la visite de Nancy Pelosi comme prétexte pour s’entraîner à une invasion. En réponse, les États-Unis ont réaffirmé leur engagement envers la région : les législateurs américains discuteront « des relations américano-taïwanaises, des questions de sécurité régionale, du commerce et des investissements, du changement climatique », selon un communiqué de presse de l’institut américain. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment les Taïwanais perçoivent la visite de Nancy Pelosi

22 avions et six navires chinois opérant près du détroit de Taiwan

Des responsables américains visitent fréquemment l’île, mais la Chine a considéré la visite de Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à visiter l’île depuis des décennies, comme un défi majeur. Contrairement à toute initiative qui donne aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Face aux manœuvres de représailles de Pékin, Taïwan avait mis en scène ses propres exercices, simulant l’organisation de ses défenses contre une invasion chinoise. Pékin n’a mis fin aux exercices qu’après avoir répété ses menaces à Taipei et déclaré qu’il continuerait à patrouiller dans le détroit de Taiwan. Dans son briefing quotidien, le ministère taïwanais de la Défense a déclaré dimanche avoir repéré 22 avions et six navires chinois opérant près du détroit. 11 des avions ont franchi la ligne médiane, une ligne de démarcation non officielle entre Taïwan et la Chine que Pékin ne reconnaît pas.

Comment Pékin compte s’emparer de l’île

Le Bureau des affaires de Taiwan, une agence gouvernementale chinoise, a publié mercredi un “livre blanc” détaillant comment Pékin envisage de prendre le contrôle de l’île, notamment par le biais d’incitations économiques. Il y est écrit : “Nous sommes disposés à créer un large espace (de coopération) afin de parvenir à une réunification pacifique. Mais nous ne laisserons aucune place aux actions séparatistes visant la pseudo-indépendance de Taiwan. La violence sera utilisée en dernier recours, dans des circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques contre les provocations des séparatistes ou des forces extérieures s’ils franchissaient nos lignes rouges.” Le dernier livre blanc sur Taiwan publié par la Chine remonte à 2000. Washington a réagi vendredi en annonçant le renforcement des liens commerciaux avec Taïwan et de nouvelles traversées aériennes et maritimes à travers le détroit en réponse aux actions “provocatrices” de la Chine. Le monde avec l’AFP