Posté à 10h08 Mis à jour à 12h24.
Stéphanie TaylorLa Presse Canadienne
Des sous-ministres de divers ministères ont discuté de ces questions l’automne dernier. Une note de service obtenue par La Presse canadienne par le biais de la Loi sur l’accès à l’information mettait en garde contre des «tensions croissantes» entre les travailleurs qui parlent une langue autochtone mais ne parlent pas couramment les deux langues officielles du pays. Selon la Loi sur les langues officielles, les institutions fédérales doivent s’assurer que le milieu de travail favorise l’utilisation efficace des deux langues officielles, tout en permettant à leur personnel d’utiliser l’une ou l’autre. Par conséquent, les cadres supérieurs doivent pouvoir communiquer en anglais et en français. Le bilinguisme est obligatoire pour un certain nombre de postes de la fonction publique. Toutefois, un employé peut suivre des cours d’anglais ou de français. Une note de service a été publiée l’automne dernier indiquant qu’un groupe de travail avait été formé pour discuter d’éventuels changements aux exigences de bilinguisme dans la fonction publique fédérale. Nous apprenons qu’un réseau d’environ 400 fonctionnaires autochtones a soulevé la nécessité d’une « exemption générale ». « À mon avis, une exception devrait être accordée si l’employé parle une langue autochtone », a écrit la sous-ministre Gina Wilson, ministre associée à Patrimoine canadien qui plaide pour la nécessité d’embaucher plus de fonctionnaires autochtones. Notre Gouverneur général en est un bon exemple. » La nomination de Mary Simon, une Inuk, au poste de gouverneure générale a été controversée parce qu’elle parle l’anglais et l’inuktitut, mais pas le français. Il apprend la langue de Molière. Il n’est pas clair si le gouvernement a l’intention de donner suite à ces propositions. Les ministères des Relations Couronne-Autochtones, des Affaires du Nord et des Services aux Autochtones « ne prévoient pas d’offrir une formation en langue autochtone à tous les employés », a déclaré un porte-parole des Relations Couronne-Autochtones. et Affaires du Nord Canada. Les employés autochtones sont encouragés à discuter de la formation linguistique avec leur superviseur, ajoute-t-elle. Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, qui apprend la langue mohawk, affirme que l’idée d’accorder des exemptions est une question sensible. PHOTO DAVID KAWAI, ARCHIVES DE PRESSE DU CANADA Mark Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones “Quand tu prends une décision comme ça, c’est presque toujours contre les Français. Forcément, précise-t-il. Ce n’est pas quelque chose que la majorité des gens trouveront acceptable. Il existe déjà des ressources pour apprendre [une langue officielle] et sont disponibles. » D’autres idées ont été émises, notamment accorder plus de temps pour apprendre une deuxième langue officielle et donner à tous les fonctionnaires, y compris les non-Autochtones, la possibilité d’apprendre une langue autochtone. M. Miller se dit favorable à l’idée de dispenser des cours de langue, notamment aux fonctionnaires autochtones qui n’ont pas eu l’occasion d’apprendre une langue autochtone dans leur jeunesse. Il ne veut pas que les enseignants soient retirés des communautés autochtones, où ils aident à faire revivre les langues perdues. « Si nous regardons la fragilité des langues autochtones à travers le pays, nous ne voulons pas nous priver de ces précieux atouts. Nous ne voulons pas prendre ces enseignants, souvent âgés, dictionnaires itinérants et les retirer des communautés qui tentent de faire revivre leur langue. » Les responsables ont également mentionné la nécessité d’offrir des services en inuktitut aux Inuits. “Nous pouvons faire mieux dans ce domaine”, admet Miller. Autre idée lancée par les fonctionnaires et défendue par la députée du Nunavut Lori Idlout : étendre la prime annuelle de 800 $ accordée aux employés bilingues à ceux qui parlent une langue autochtone. Mme Idlout dit avoir été approchée par un syndicat qui protestait qu’un employé fédéral parlant l’inuktitut n’avait pas droit à cette allocation s’il ne connaissait pas les deux langues officielles du pays. « Cependant, ils offrent d’excellents services en inuktitut aux Inuits », dit-il. C’est une question importante. »