• À lire aussi : Une enquête inédite aux États-Unis Comme de nombreux experts de la politique américaine, le professeur Pierre Martin estime que l’opération policière inédite de lundi a eu pour effet de mobiliser des partisans inconditionnels de Donald Trump. “Il les a appelés ces derniers jours à doubler leurs contributions financières et en a profité pour chauffer un peu les ardeurs de ses troupes”, a expliqué le professeur de l’Université de Montréal. Les détails du mandat de perquisition du FBI de lundi, le premier à viser un ancien président, ne sont pas encore connus. S’agit-il d’une enquête sur des documents d’emploi retirés par Donald Trump à la fin de son mandat, ce qui est interdit par le National Records Act ? Est-il lié à l’enquête sur l’attentat du Capitole ou ceux de New York pour fraude financière et fiscale le visant ainsi que ses enfants Ivanka et Donald Jr et son empire ? La justice américaine devrait bientôt lever le voile sur l’ordonnance controversée. Selon le “Washington Post”, certains des documents recherchés pourraient concerner l’arsenal nucléaire américain, mais Trump a parlé de “lavage de cerveau”. Dans la foulée de l’opération de lundi, plusieurs manifestants se sont rassemblés devant sa propriété de Floride pour affirmer leur soutien à cette nouvelle affaire ainsi qu’à d’autres. Les ténors républicains se sont également associés à leur ancien président. “Dans la loi imposée aux politiciens ordinaires, ce genre d’arbitraire juridique suffit pour que les gens se disent : ‘on va avoir un autre candidat’. Mais dans le monde de Trump, il semble avoir peu d’influence sur son électorat”, a déclaré Guillaume Lavoie, député associé du siège Raoul-Dadurand. Armés de drapeaux Trump aux couleurs du pays, ses partisans vont plus loin en organisant des manifestations contre le FBI, avec leur nouveau slogan “Defund the FBI”. « Sa base partisane fidèle n’abandonnera jamais les allégations et n’abandonnera même pas ce qui pourrait être des accusations », a poursuivi Pierre Martin. Chercheur à l’Observatoire aux États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, Victor Bardou-Bourgeois partage ce point de vue. Il estime que « cet événement a un effet fédérateur [et] met le protagoniste principal sous les projecteurs et lui donne beaucoup de temps dans les médias américains.” Aucune conséquence Les trois experts s’accordent à dire que cette affaire ne devrait avoir aucune incidence sur une éventuelle candidature républicaine à la présidentielle de 2024. Le National Records Act prévoit l’inéligibilité du gouvernement fédéral américain si quelqu’un est reconnu coupable. Mais cette loi fédérale est supplantée par la Constitution qui définit les critères d’éligibilité à la présidence : il suffit donc d’être né américain et d’avoir 35 ans. L’impact devrait également être minime pour le Parti républicain lors des élections de mi-mandat prévues en novembre prochain, où la Chambre des représentants est en lice ainsi qu’un tiers du Sénat américain, selon les experts. Apporter des morceaux de disques serait aussi « moins grave que d’encourager la rébellion [du Capitole] ou d’avoir volontairement triché sur ses impôts », a rappelé M. Lavoie. – Avec AFP
D’autres menaces pèsent sur Trump
Enquête de la Chambre des communes sur l’attaque du Capitole L’enquête de la Chambre des communes a révélé que Trump aurait fait pression sur les responsables électoraux après l’élection de Joe Biden, conduisant à l’invasion de Capitol Hill le 6 janvier 2021. Cependant, ce travail ne mènera pas à un procès. L’enquête criminelle sur l’attentat du Capitole Une enquête est également menée par les procureurs fédéraux. Trump n’est pas directement visé, mais pourrait faire face à des accusations criminelles pour “entrave aux procédures officielles” ou “escroquerie au gouvernement”. Élections 2020 en Géorgie Une enquête a été ouverte en février 2021 par un procureur pour en savoir plus sur les “tentatives d’influence sur les opérations électorales”. Trump avait demandé à un haut responsable géorgien de “trouver” près de 12 000 bulletins de vote pour lui. Affaires économiques à New York Le procureur du district de Manhattan a ouvert une enquête pénale sur des allégations d’évaluation frauduleuse des actifs de la société de l’ancien président, la Trump Organization. Le procureur général de l’État de New York enquête sur la même raison dans une affaire en civil. – Avec AFP