Des milliers de poissons flottent sans vie dans le fleuve Oder, qui traverse l’Allemagne et la Pologne, faisant craindre une “catastrophe” environnementale alors que les habitants sont invités à rester à l’écart de ses eaux. Ces bancs de poissons affluant, le ventre vers le haut, vers les côtes près de la ville de Schwedt dans l’est de l’Allemagne, ont probablement été transportés par le courant depuis la Pologne où les premiers cas ont été signalés par les habitants et les pêcheurs depuis le 28 juillet. Des milliers de poissons flottent sans vie dans la rivière Oder, qui traverse l’Allemagne et la Pologne, faisant craindre une “catastrophe” environnementale alors que les habitants sont invités à rester à l’écart des eaux #AFP pic.twitter.com /OSwfWrDyyA — Agence France-Presse (@afpfr) 13 août 2022 Les responsables allemands, surpris par leur arrivée massive, ont accusé les autorités polonaises de ne pas les avoir informés. La ministre allemande de l’Environnement, Steffi Lemke, a appelé à une enquête exhaustive pour établir les causes de cette “catastrophe environnementale”. En Pologne, le gouvernement populiste de droite a été critiqué pour ne pas avoir réagi plus tôt. Le Premier ministre Mateusz Morawiecki a assuré samedi avoir été informé “le 9 ou le 10 août” de la pollution. “Évidemment, je l’ai appris trop tard.” “Au début, tout le monde pensait que c’était juste un problème local”, a-t-il déclaré vendredi sur son podcast hebdomadaire. “L’ampleur de la pollution est très grande, assez grande pour dire que l’Oder mettra des années à revenir à son état naturel”, a-t-il admis.

“Profondément choqué”

Debout au bord de l’eau, Michel Tautenhahn, directeur adjoint du Parc national de la basse vallée de l’Oder, regarde tristement le fleuve, qui forme une frontière naturelle entre la Pologne et l’Allemagne. “Nous sommes du côté allemand. Nous avons des poissons morts partout”, dit-il. “Je suis profondément choqué… J’ai l’impression de voir des décennies de travail détruites… L’eau est notre vie”, a-t-il dit, ajoutant qu’une foule d’autres animaux aquatiques comme les moules ont également succombé. Le poisson “n’est que la pointe de l’iceberg”, dit-il. Des milliers de poissons ont été retrouvés morts. AFP – MONT ANDERSEN L’Oder est considéré depuis de nombreuses années comme un fleuve relativement propre, abritant environ 40 espèces de poissons. Beaucoup – certains de quelques centimètres de long, d’autres de près de 40 centimètres de long – flottent maintenant sans vie dans le fleuve. On en voit parfois quelques-uns battre de la queue et se retourner avec difficulté pour essayer de nager.

Mort “informelle”

Les autorités pensent que les poissons ont probablement été empoisonnés. Leurs morts sont “inhabituelles”, explique Axel Vogel, ministre de l’Environnement du Land de Brandebourg, jugeant que “des tonnes” de poissons ont probablement déjà été perdues. La mortalité des poissons est souvent causée par une distorsion des niveaux d’oxygène lorsque les niveaux d’eau sont trop bas, explique-t-il. “Mais nous avons remarqué une augmentation du taux d’oxygène depuis plusieurs jours, ce qui indique qu’une substance étrangère est entrée et a provoqué tout cela”, selon lui. Des tests sont en cours en Allemagne pour déterminer la nature de cette substance. Les autorités ont déjà signalé des signes de niveaux de mercure extrêmement élevés. D’autres tests préliminaires publiés vendredi soir ont révélé un niveau de salinité inhabituellement élevé. D’autres résultats sont attendus pour la présence éventuelle de métaux lourds ou de mercure. En Pologne, le parquet s’est saisi de l’affaire, alors que l’indignation grandit dans le pays. Le chef du gouvernement a limogé vendredi deux responsables de la protection de l’eau et de l’environnement, auxquels il reproche d’avoir “agi trop lentement”. Samedi, la police polonaise a offert une récompense de 210 000 euros pour retrouver l’auteur de la pollution. Sur les bords de l’Oder en Allemagne, M. Tautenhahn s’inquiète pour l’avenir. “Si c’est du mercure, il y restera longtemps”, a-t-il dit, rappelant que ce métal ne se décompose pas et peut rester de longues années dans les sédiments.