En réponse à Lisée, une chroniqueuse de La Presse interpelle la jeune femme photographiée et lui donne la parole en la transformant en arbitre d’un débat qui n’a rien à voir avec le fait qu’elle-même a choisi d’adopter un code vestimentaire religieux . . En aucun cas, le nom de cette jeune femme sur la photo publicitaire, ni même son statut, ne sont dévoilés sur le site Internet de HEC Montréal. Lorsqu’une université demande à une personne d’apparaître sur son site Web à des fins de recrutement, c’est son image qui l’intéresse, et non son visage ou ses idées. Il prend donc soin de l’anonymiser. En fait, il ne s’agit pas de juger de l’apparence qu’une personne particulière se donne, encore moins de devenir un représentant de l’institution.
Pourquoi une chroniqueuse se laisse-t-elle plonger dans la bataille ? Et qu’en est-il de la déontologie des HEC qui ont vraisemblablement divulgué les coordonnées de l’étudiant aux médias ?
La façon dont l’institution a répondu à la controverse est révélatrice. Par l’intermédiaire de son agente de relations avec les médias, HEC a soutenu que son site Web reflète sa population étudiante et que sa page d’accueil n’est pas une publicité, car elle change toutes les deux semaines (voir Rima Elkouri, La Presse, 10 août). Or, la photo en question accompagne une annonce pour le recrutement d’étudiantes algériennes, qui est une annonce institutionnelle qui, comme chacun le sait, a son temps d’exposition. Pourquoi devrait-il le nier ? Dans un courriel à un journaliste du Devoir [10 août]la porte-parole d’HEC a même évoqué la possibilité de « taguer » tous les membres de sa communauté étudiante sur ses plateformes.
Reflète-t-elle, valorise-t-elle sa population étudiante ? Lorsqu’il s’agit de recruter en Algérie, pays où le hijab a été violemment imposé aux femmes et où de nombreuses jeunes femmes subissent encore des pressions pour le porter, ne serait-il pas plus judicieux – et moins provocateur – d’inclure deux personnalités dans photo, une photo voilée qui cherche à unir ceux qui la portent volontairement ou non et ceux qui refusent de la porter ? Pourquoi HEC met-il l’accent sur la sélection des uns plutôt que sur la sélection des autres ? Et en plus privilégier la seule option qui « à l’international » (comme le dit la publicité) est devenue un instrument de discrimination et d’exclusion de la majorité des femmes ? Réalisons-nous qu’il ne manquera pas de se voir aux yeux des femmes algériennes ou des candidates musulmanes que, loin d’être ouverte à la diversité et à l’égalité, HEC a probablement fait son choix ?