Le groupe privé d’EHPAD Orpea, accusé de détournement de fonds publics, a été condamné à rembourser 55,8 M€ à l’Etat, a-t-on appris vendredi. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a mis en demeure Orpea le 29 juillet, a indiqué un représentant de cet organisme qui gère des fonds dédiés à la dépendance, confirmant une information du Monde. Orpea a assuré dans un communiqué publié la semaine dernière qu’il compenserait “les montants dont l’allocation était insuffisante”. Le groupe cite cependant des “différences d’estimation” dans les montants en cause. Il compte donner des “réponses” au CNSA dans le “délai” d’un mois pour défendre sa position. Selon Le Monde, le groupe se dit prêt à reverser 5,7 millions d’euros, un montant correspondant aux remises accordées par les fournisseurs pour l’achat de produits destinés aux personnes âgées, financées par des subventions publiques. En revanche, Orpea refuse de restituer les 30,1 millions d’euros qu’elle réclame au titre des salaires, selon le journal. Le groupe a utilisé ces fonds publics pour payer les soignants, alors que l’entreprise aurait dû financer leurs salaires sur ses fonds propres.

Un scandale aux conséquences durables pour l’image de l’équipe

“Le débat porte principalement sur les auxiliaires de vie agissant comme soignants, une pratique utilisée dans l’ensemble de l’industrie pour couvrir les pénuries structurelles de personnel”, a expliqué Orpea. Les salaires des aides-soignants sont partiellement couverts par des subventions publiques. Le groupe refuse également de restituer 19,6 millions d’euros correspondant au montant des deux impôts, qui ont été payés avec des fonds publics, rapporte Le Monde. “La situation est sans précédent, la CNSA fera tout son possible pour recouvrer les sommes dues sur la base de ses capacités juridiques actuelles”, a commenté le porte-parole de l’organisation. Lire aussi Laurent Guillot a provoqué la reconstruction d’Orpea Orpea, qui est présent dans 23 pays et gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France, est plongé dans la tourmente depuis la parution en janvier d’un livre d’investigation, “Les Fossoyeurs”, du journaliste Victor Castanet, qui dénonce la pratique de . . Le ministère de la Justice a ouvert une enquête préliminaire en avril sur les abus institutionnels et les crimes financiers, à la suite d’un rapport du gouvernement. Le groupe, dont l’action s’effondre à la Bourse de Paris depuis la parution du livre, a licencié sa direction et entrepris de revoir ses pratiques. Il a nommé un nouveau directeur général et remanié son conseil d’administration pour convaincre ses actionnaires et le grand public qu’il avait tiré les leçons de l’affaire. VOIR AUSSI – Le siège du groupe privé d’Ehpad Orpea visé par une perquisition