Publié à 13h59
                Hugo Pilon-Larose La Presse             

La décision est tombée vendredi sous la plume de la juge Chantal Corriveau. Plus tôt ce mois-ci, des avocats ont demandé à la Cour de suspendre deux articles de la loi qui exigeraient que toute procédure judiciaire déposée en anglais au Québec soit accompagnée d’une traduction en français. La loi 96 a été approuvée par l’Assemblée nationale en mai dernier. Dans sa décision, la juge Corriveau a déclaré que « les demandeurs soulèvent une question sérieuse, soit une possible violation de l’article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 qui prévoit au Québec l’accès aux tribunaux en français et en anglais ». « Les plaignants prétendent que cela est contraire à une disposition de la Constitution et crée une barrière empêchant l’accès aux tribunaux pour les personnes morales dont les représentants sont anglophones. Le coût supplémentaire et le temps supplémentaire requis pour obtenir une traduction certifiée créent des obstacles à l’accès à la justice », dit-il. De son côté, le procureur général du Québec «répond que le projet de loi 96 a été adopté pour favoriser le français et puisque la justice doit être rendue en français, les dispositions contestées sont valides et ne créent aucun obstacle à l’accès à la justice», poursuit le juge. Toutefois, au bout du compte, le juge Corriveau considère que « les demandeurs ont démontré un préjudice irréparable si les nouvelles dispositions entrent en vigueur en cours de procédure, notamment parce que les nouvelles dispositions peuvent rendre l’accès à la justice impossible ou illusoire en cas de procédure d’urgence ». « L’exigence d’une traduction certifiée par un traducteur assermenté doit être appréciée au regard des délais et des coûts induits. Il est possible que cette exigence conduise à un obstacle à l’accès à la justice”, estime-t-il.

Procès à l’automne

Un procès doit se tenir en novembre prochain pour déterminer le fond de l’affaire. En entrevue avec La Presse, Me Félix-Antoine Doyon, qui représente les avocats qui ont demandé la suspension, se réjouit de la décision rendue par la Cour vendredi. “Lors du procès, en novembre, nous traiterons de la question principale, à savoir celle de déterminer si oui ou non les deux nouveaux articles contreviennent à la Loi constitutionnelle”, a-t-il dit. Au moment de la publication, le bureau du ministre de la Langue française Simon Jolin-Barrete n’avait pas encore réagi à la décision. Cette loi phare du gouvernement Legault, qui lancera bientôt une campagne électorale, est aussi contestée devant les tribunaux par la Commission scolaire d’Angleterre-Montréal (CSEM). Avec Vincent Larin, La Presse